Usages, appropriations et pratiques de communication

Présentation de l’axe de recherche

Cet axe de recherche se concentre sur les usages et appropriations d’une part, et sur les pratiques de communication de l’autre.

Parler des usages des réseaux sociaux plutôt que de leur utilisation n’est pas fortuit. Cela permet « d’insister sur le fait que le rapport des personnes avec les outils techniques ne peut être réduit à la mise en oeuvre des fonctions prévues par les concepteurs » (Cardon, 2005) et mettre l’accent sur la notion d’appropriation des technologies. Cet axe de recherche s’intéresse aux usages qui d’une part dérivent des dispositifs socionumériques mais qui d’autre part transforment ces dispositifs (Akrich, 1990, 1998 ; Chambat, 1994 ; Jouët, 1993, 2000 ; Proulx, 2005).

Bien que les termes soient souvent utilisés de manière interchangeable, Jouët  (1993) fait une distinction entre les notions d’usage et de pratique. Pour elle, l’usage est plus restrictif tandis que   « la pratique est une notion plus élaborée qui recouvre non seulement l’emploi des techniques, l’usage, mais aussi les comportements, les attitudes et les représentations des individus qui se rapportent directement ou indirectement à l’outil ». Dans cette perspective, l’usage désigne les interactions entre les acteurs et les dispositifs et la pratique implique une dimension sociale : elle renvoie à « une culture, des actions finalisées, plus ou moins réglées, répétées dans le temps » (Gardiès, Fabre et Couzinet, 2010).  

Objectifs

01

Evaluer les usages

Pour évaluer les usages, il est indispensable d’effectuer un retour sur les acteurs, ce qui rend cette approche originale en ce sens qu’habituellement le regard porté sur les éventuelles transformations se centre sur les outils. Nous inversons la focale en observant les réactions d’adaptations et d’ajustements aux médias socionumériques par un retour sur les logiques des acteurs et le quotidien de leurs pratiques de travail. A ce titre, il s’agit de comprendre ce que les individus font des outils, ce qu’ils font aux outils et ce que les outils font aux individus, et ce dans un cadre professionnel.

02

Comprendre les pratiques de communication

Il s’agit ici d’identifier et de comprendre comment les acteurs perçoivent et utilisent les dispositifs de médias socionumériques pour élaborer et conduire des stratégies de communication et les tactiques professionnelles qui se mettent en place.

S’intéresser aux pratiques implique de s’intéresser aux réagencements de nature relationnels, matériels et symboliques qui sont à l’œuvre dans une dynamique d’innovation. Les usages des réseaux socionumériques participent selon nous à redéfinir le rôle des acteurs.

Recherches terminées

Usages et Appropriations

Usages des dispositifs de réseaux socionumériques par des parlementaires européens : quelle innovation de la communication politique ?

par Sandrine Roginsky

Ce que l’analyse des usages d’une plateforme numérique révèle d’une ONG : Quand des salariés de Greenpeace Belgique tentent de réinventer la mobilisation des bénévoles via « Greenwire.org »

Sophie Huys a réalisé sa thèse de doctorat au sein de l’Institut Langage et communication (ILC). Sous la direction de Sandrine Roginsky (UCLouvain), cette recherche doctorale investigue le cas particulier de Greenpeace Belgique et la prise en charge de Greenwire (plateforme digitale développée par l’ONG) par une équipe de salariés responsables de la mobilisation des bénévoles. L’analyse des discours et usages que ces salariés (f)ont de Greenwire révèle leurs tentatives d’horizontaliser la mobilisation des bénévoles et, dans le même temps, de réenchanter et faire reconnaître leurs propres activités salariées au sein de l’organisation. Mais ces idéaux s’étiolent et les attentes initialement formulées ne sont pas satisfaites. La recherche questionne alors la pertinence et la centralité de Greenwire dans le changement entamé et invite à considérer d’autres dispositifs – d’ailleurs pas nécessairement le web, pour certains antérieurs à la plateforme et via lesquels s’organise la mobilisation des bénévoles.

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par Sophie Huys

Faire participer des publics hétérogènes : apports et limites du numérique.

Léa Amand a entamé son parcours doctoral en septembre 2019, avec pour promoteurs Sandrine Roginsky (UCLouvain, LASCO) et Pierre Fastrez (UCLouvain, GREMS). Son projet explore les déséquilibres que les dispositifs participatifs entraînent entre experts et oubliés de la participation. Ce faisant, il tente d’appréhender comment, à partir de la compréhension des publics, des dispositifs participatifs numériques peuvent permettre l’inclusion de publics hétérogènes mais aussi comment le numérique peut aider à d’autres formes de participation, en dépassant la tension entre personnalisation et généralisation pour construire du collectif. La recherche s’appuie sur l’analyse d’initiatives de participation sur un terrain local (la ville de Mons), en combinant une démarche ethnographique « en ligne » et « hors ligne », une analyse quantitative et une expérimentation.

par Léa Amand

Impact de l’institutionnalisation des règles sur le modèle de production du savoir d’une encyclopédie collaborative : le cas de Wikipédia.

Emmanuel Wathelet a poursuivi une thèse de doctorat en communication organisationnelle, avec pour promoteur François Lambotte (UCLouvain, LASCO). Dans son projet de thèse, il se questionne : « Qui fait autorité dans une organisation où aucun acteur n’a de position hiérarchique définie » ? Pour explorer cette question, Emmanuel se concentre sur la célèbre encyclopédie coopérative en ligne Wikipedia. Sur Wikipédia, des décisions sont prises mais personne n’a de mandat formel pour les réaliser. Les décisions résultent donc de négociations entre les contributeurs. Par conséquent, pour découvrir les micro-processus qui composent la vie organisationnelle quotidienne sur Wikipédia, il faut savoir qui a la légitimité de parler – c’est-à-dire l’autorité – et comment il agit pour le faire – c’est-à-dire la paternité.

par Emmanuel Wathelet